Mise en perspective macro-monétaire
La place financière congolaise se prépare à trois jours d’intenses échanges: du 29 au 31 octobre, Brazzaville accueillera un séminaire dédié aux évolutions du cadre macro-monétaire et à leurs impacts sur le secteur bancaire, initiative conjointe de BT intégral consulting et AS Conseil RH Management.
L’annonce a été faite lors d’un petit-déjeuner de presse où Aurélien Damase Bouithy, directeur gérant de BT intégral consulting et porteur du projet Mba Banque & Finance, a détaillé les objectifs d’un rendez-vous qu’il veut fédérateur pour l’écosystème financier d’Afrique centrale.
Le séminaire vise d’abord à dresser le bilan de quinze années d’innovations monétaires, qu’elles proviennent des banques centrales traditionnelles, des accords régionaux ou des technologies numériques qui donnent naissance aux monnaies de banque centrale virtuelles et aux crypto-actifs.
Un programme dense et ouvert
Selon l’organisateur, la réflexion ne s’arrêtera pas au seul périmètre bancaire ; elle touchera également l’agriculture, l’industrie, les télécoms et les services, tous concernés par la gestion du risque de change ou par l’accès à des financements plus compétitifs.
En amont, une conférence-débat prévue le 28 octobre traitera de l’essor spectaculaire des crypto-actifs sous l’intitulé évocateur « Innovation majeure ou dernier avatar de la finance virtuelle ». Le sujet servira d’avant-goût aux discussions sur la digitalisation monétaire.
Crypto-actifs au centre des débats
La question centrale, selon Bouithy, demeure la suivante : la finance se dissocie-t-elle d’une économie réelle encore dominée par le cash, ou ouvre-t-elle au contraire de nouveaux canaux de transferts internationaux et de levées de fonds pour les entreprises locales ?
Experts internationaux et expertise locale
Pour éclairer le débat, l’ancien directeur adjoint de la Banque de France, Gilles Morisson, aujourd’hui consultant en monnaie et finance internationales, interviendra aux côtés du professeur Hervé Diata, agrégé des sciences économiques et fin connaisseur du contexte d’Afrique subsaharienne.
Le tandem apportera un regard croisé, mêlant la rigueur des banques centrales européennes et la réalité d’économies émergentes où les questions de stabilité des prix, de gestion des réserves en devises et d’inclusion financière coexistent quotidiennement.
Participation et sujets stratégiques
Trois cents participants sont attendus : directeurs généraux de banques, d’assurances, de sociétés de micro-finance, responsables de la Banque centrale et cadres des ministères des Finances, du Budget, de l’Économie et du Plan, sans oublier des universitaires et des porteurs de projets innovants.
La salle offrira donc un rare condensé de décideurs, idéal pour confronter les points de vue sur la politique de la Banque des États de l’Afrique centrale, la réforme bientôt achevée du marché monétaire régional ou encore les nouvelles exigences prudentielles de Bâle III.
Les organisateurs espèrent que ces discussions éclaireront également le grand public congolais, confronté à la vie chère et aux fluctuations des prix du carburant, sujets intimement liés aux décisions de politique monétaire et aux taux de change régionaux.
D’un point de vue académique, le programme veut tisser un pont entre recherche et action, car les universités congolaises multiplieront les synthèses pour mettre à disposition des décideurs des notes brèves sur la persistance de l’inflation importée et sur la dollarisation croissante des transactions informelles.
Actions publiques et financements privés
L’administration publique sera représentée par la Direction générale du Trésor, laquelle voit dans l’événement l’occasion de vulgariser la nouvelle stratégie nationale de gestion de la dette, articulée autour d’émissions obligataires domestiques et d’une meilleure notation souveraine auprès des agences spécialisées.
Pour sa part, la Confédération patronale se dit attentive aux propositions qui émergeront sur la réduction du coût du crédit, un enjeu crucial pour les PME qui continuent de financer leur cycle d’exploitation à des taux souvent supérieurs à 12 % l’an.
Au-delà des débats techniques, le séminaire se veut un lieu de réseautage : des rendez-vous B to B sont déjà programmés, tandis que la Banque centrale annoncera un concours étudiant sur l’inclusion financière numérique, avec bourses et stages à la clé.
Dans le contexte de reprise économique post-pandémie, les organisateurs misent sur des recommandations concrètes à remettre au gouvernement, afin de consolider les réformes engagées pour la diversification et la stabilité macro-financière du Congo, tout en attirant davantage d’investissements productifs.
Calendrier et ambition nationale
Les inscriptions restent ouvertes en ligne jusqu’au 27 octobre, tandis qu’un nombre limité de places sera disponible sur site le premier jour. Les étudiants bénéficient d’un tarif préférentiel, confirmant la volonté d’associer la jeunesse à la réflexion sur l’avenir monétaire du pays.
À l’issue du séminaire, un rapport de synthèse sera publié et mis à disposition des acteurs publics et privés. Il détaillera les pistes de gestion des réserves, les nouvelles formes de paiement et les conditions d’une meilleure résilience face aux chocs externes.
En attendant, Brazzaville entend profiter de cette tribune pour réaffirmer son ambition de devenir un hub régional de compétences monétaires, capable d’accompagner les transformations financières continentales tout en préservant la stabilité chère aux autorités nationales et aux partenaires internationaux.
