Un territoire tissé par les contrastes géographiques
Traversée par l’Équateur, la République du Congo superpose des paysages dont la diversité saute aux yeux de quiconque quitte la capitale pour rejoindre la côte ou l’hinterland. À l’ouest, la plaine littorale ourlée par l’Atlantique laisse vite place aux crêtes escarpées du Mayombé, avant de s’évaser vers la large dépression du Niari. Plus au nord-est s’étend l’immense bassin du Congo, vaste amphithéâtre marécageux que sillonnent Sangha, Likouala et Ubangi. « La mosaïque congolaise résulte d’un long dialogue entre tectonique et hydrographie », rappelle le géologue Aimé Ondzé. Ces ruptures de relief conditionnent non seulement la densité de la population—plus de la moitié des habitants résident à Brazzaville et Pointe-Noire—mais aussi la nature des activités économiques qui s’y développent.
Des sols exigeants, miroir d’un climat ardent
Deux tiers du territoire reposent sur des sols grossiers mêlant sable et gravier. L’omniprésence de latérites rougeoyantes, riches en fer mais pauvres en matière organique, témoigne d’un climat chaud et humide où les bactéries décomposent la litière avant qu’elle ne s’accumule en humus. Dans les savanes, l’alluvion fertile se trouve cisaillée par l’érosion éolienne, tandis que les plateaux voient leurs couches superficielles lessivées par des pluies torrentielles. Cette réalité pédologique explique que l’agriculture ne mobilise que 2 % des terres, malgré un potentiel que l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture qualifie de « remarquable ».
Cap sur la croissance verte voulue par Brazzaville
Conscient de la fragilité de son capital naturel, le gouvernement a inscrit dans le Plan national de développement 2022-2026 l’objectif d’élever la part de l’économie verte à 40 % du PIB à l’horizon 2030. La relance du Programme national d’afforestation, l’extension des aires protégées et la promotion d’une agriculture climato-intelligente s’articulent autour d’incitations fiscales destinées aux investisseurs. « Nous encourageons la transformation locale du bois et la valorisation des sous-produits agricoles pour limiter le gaspillage et créer de l’emploi », explique Rosalie Matondo, ministre de l’Économie forestière. Les premiers résultats se dessinent : plus de 12 000 hectares de plantations d’acacias et de tecks ont été certifiés en un an, tandis que des start-up locales expérimentent des engrais biologiques adaptés aux latérites.
Recherche et entrepreneuriat au service des terroirs
Les universités de Brazzaville et de Dolisie ont lancé des programmes pluridisciplinaires mêlant pédologie, hydrologie et agronomie afin de cartographier les microniches agro-écologiques. Dans le laboratoire de microbiologie des sols de l’université Marien-Ngouabi, la chercheuse Diane Tchikaya observe que « les biostimulants tirés des légumineuses locales améliorent de 30 % la rétention d’eau des terres sablonneuses ». Ces avancées nourrissent un tissu de jeunes entreprises tournées vers la production de cacao bio dans le Niari, le maraîchage en hydroponie sur le plateau des Cataractes et la pisciculture intégrée dans les zones inondables de la Likouala.
La diplomatie verte, nouveau trait d’union régional
Aux conférences climat, Brazzaville s’érige en porte-voix du Bassin du Congo, deuxième poumon forestier de la planète. Le One Forest Summit de Libreville a consacré l’idée d’un marché carbone intra-africain où les forêts congolaises pourraient générer des crédits destinés à financer la restauration des mangroves et la modernisation des infrastructures hydrauliques. Parallèlement, la Commission Climat du Bassin du Congo, présidée par le chef de l’État Denis Sassou Nguesso, promeut des corridors de transport vert qui relieront Pointe-Noire aux ports fluviaux de la Sangha, fluidifiant le commerce tout en réduisant l’empreinte carbone. Ces initiatives positionnent le pays comme un médiateur pragmatique entre exigences de développement et impératifs environnementaux, illustrant la diplomatie d’équilibre qu’il cultive depuis plusieurs décennies.