Brazzaville au centre des regards économiques
Le verdict est tombé à Abidjan : la septième édition du Forum international des entreprises francophones se tiendra sur les rives du fleuve Congo. Cette désignation, avalisée par les membres du Groupement du patronat francophone, propulse la capitale congolaise sur le devant de la scène économique francophone et nourrit l’espoir d’un afflux d’investisseurs à l’horizon 2026.
À l’heure où la francophonie économique cherche de nouveaux épicentres, Brazzaville dispose d’atouts notables : une position charnière entre l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe, un réseau routier transfrontalier en modernisation et un climat d’affaires qui, selon plusieurs cabinets de conseil, s’est amélioré ces dernières années grâce aux réformes de simplification administrative.
Un choix motivé par la géographie et la diplomatie
Les promoteurs du FIEF ont rappelé que la décision d’implanter l’événement au Congo s’appuie autant sur des considérations géostratégiques que sur des facteurs logistiques. Le pays, membre actif de l’Organisation internationale de la Francophonie, cultive une tradition de diplomatie économique qui s’est traduite par la signature de plusieurs accords bilatéraux ces cinq dernières années, notamment avec la Côte d’Ivoire, le Canada et la France.
Ces partenariats s’inscrivent dans la vision présidentielle d’une diversification graduelle de l’économie. En accueillant la communauté francophone des affaires, Brazzaville entend projeter une image de stabilité, renforcer son attractivité financière et valoriser le rôle pivot que joue déjà la ville dans la circulation des biens entre le golfe de Guinée et l’hinterland.
Jean-Daniel Ovaga, catalyseur du projet
À Abidjan, le président de l’Union nationale des opérateurs économiques du Congo a défendu avec persévérance la candidature congolaise. Médecin de formation, entrepreneur aguerri, Jean-Daniel Ovaga incarne une génération d’acteurs privés qui articulent innovation, santé et diplomatie d’affaires. Son établissement de soins de haut niveau, la Clinique Securex, illustre la volonté d’ancrer des standards internationaux dans la prestation de services locaux.
Nommé commissaire général de la prochaine édition, il concentre désormais ses efforts sur la coordination des intervenants institutionnels et sur la mobilisation de sponsors transcontinentaux. « Il ne s’agit pas seulement d’un événement, mais d’une vitrine permanente pour l’économie congolaise », glissait-il à la presse à son retour de Côte d’Ivoire.
Appuis institutionnels et alignement gouvernemental
Reçu par le ministre de l’Économie, du Plan, de l’Intégration régionale et de la Statistique, Ludovic Ngatsé, le commissaire général a déroulé la feuille de route qui doit conduire au succès logistique et diplomatique du forum. Le gouvernement, conscient de l’effet catalyseur d’un tel rendez-vous, assure que les infrastructures de transport, les capacités hôtelières et les volets protocolaires seront portés au niveau attendu par la centaine de délégations annoncées.
Les échanges ont également impliqué les ministères des Petites et Moyennes Entreprises, du Développement industriel et de la Coopération internationale. Cet alignement transversal offre un signal fort : la tenue du FIEF est perçue comme un projet national, susceptible d’accélérer les réformes liées au climat des affaires et d’épauler les entreprises locales dans leur quête de partenaires financiers.
Synergies régionales et ambitions de la francophonie
Le choix de Brazzaville intervient dans un contexte où l’Afrique centrale ambitionne de mieux s’intégrer à l’économie mondiale. La Zone de libre-échange continentale africaine, entrée en phase opérationnelle, confère aux États membres de nouvelles marges de manœuvre pour harmoniser leurs réglementations et stimuler les échanges intrarégionaux.
Au sein de cet échiquier, le FIEF fonctionne comme un forum d’intelligence économique. Au-delà des rencontres B2B, les organisateurs prévoient des tables rondes dédiées à la co-production industrielle, à la numérisation des services publics et à la finance verte. L’objectif affiché consiste à bâtir des ponts entre les grands groupes francophones et les PME locales en quête de capitaux ou de technologies.
Infrastructures sanitaires et message de confiance
Le contexte post-pandémique impose un prisme sanitaire à toute manifestation internationale. La présence de la Clinique Securex dans l’écosystème congolais renforce le sentiment de sécurité des délégations appelées à séjourner dans la capitale. Cette structure, qui applique déjà les protocoles de l’Organisation mondiale de la santé, pourrait servir de partenaire médical officiel pour la durée du forum.
Selon plusieurs diplomates accrédités à Brazzaville, la capacité du pays à offrir des services de santé de qualité constitue un avantage comparatif inattendu dans la compétition entre capitales africaines pour accueillir de grands évènements.
Impact attendu sur le tissu entrepreneurial congolais
À court terme, les hôteliers, restaurateurs, sociétés de transport et prestataires de communication devraient voir leur chiffre d’affaires progresser. Mais les observateurs retiennent surtout l’effet signal adressé aux fonds d’investissement : la tenue du FIEF peut servir d’argument pour attirer des lignes de financement destinées à l’agro-industrie, aux énergies renouvelables et aux télécommunications.
À moyen terme, l’Union nationale des opérateurs économiques compte capitaliser sur le réseau tissé lors du forum pour faciliter l’accès de ses membres aux marchés des autres pays francophones. Les incubateurs et centres de recherche locaux espèrent, eux, capter des partenariats académiques susceptibles de soutenir la montée en gamme des compétences nationales.
Vers un rendez-vous structurant pour 2026
À un an et demi de l’ouverture des travaux, le compte à rebours est enclenché. Les missions d’inspection du Groupement du patronat francophone viendront évaluer la progression des chantiers dès le premier trimestre 2025. Le gouvernement congolais, par la voix de ses ministres sectoriels, réaffirme son engagement à livrer un cadre logistique irréprochable.
Dans un environnement international parfois volatile, l’organisation du FIEF à Brazzaville offre l’opportunité de souligner la résilience économique et la stabilité politique du Congo. Pour les diplomates et les capitaines d’industrie, le rendez-vous de 2026 pourrait bien constituer l’une des séquences clés de la relance post-Covid de la francophonie économique.