Un rebond spectaculaire pour le courrier congolais
En neuf mois, le trafic postal congolais a franchi la barre des 187 000 envois, un record salué à Brazzaville par le directeur général de l’Agence de régulation des postes et des communications électroniques, Louis Marc Sakala, lors des Journées de la régulation.
Au cours de son allocution, le régulateur a évoqué une progression de plus de 50 % du chiffre d’affaires postal par rapport à l’année précédente, révélant ainsi la vitalité d’un métier trop souvent donné pour dépassé à l’ère du numérique.
Des chiffres qui confirment une dynamique durable
Le secteur compte désormais seize opérateurs agréés, dont la Société des postes et de l’épargne du Congo, acteur public historique, et quinze entreprises privées réparties dans cent vingt représentations couvrant douze départements et soixante-quinze localités, d’après le dernier inventaire dressé par l’Arpce.
Cette expansion se reflète dans la création de plus d’un demi-millier d’emplois directs, chiffre appelé à croître avec la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine, synonyme d’augmentation des flux logistiques et de nouvelles opportunités pour les PME locales.
Les entrepreneurs privés mis à contribution
Face à un marché redevenu porteur, Louis Marc Sakala a exhorté les opérateurs à investir, innover et diversifier leurs services tout en respectant les exigences de la régulation, les engagements de qualité et les standards internationaux désormais applicables au Congo.
« Le secteur n’est pas mort, il est debout », a-t-il insisté, rappelant que la confiance des expéditeurs passe par des délais fiables, une traçabilité améliorée et un service client réactif, autant de critères cruciaux pour conserver la jeune clientèle connectée des centres urbains.
Le code postal national, levier majeur d’adresse
Promulgué en juillet, le décret 2025-317 introduit un système national de codes postaux, attendu de longue date par les logisticiens et les e-commerçants. Il doit simplifier l’adressage, réduire les pertes de colis et offrir des données statistiques précieuses aux collectivités.
L’Arpce prévoit une campagne de sensibilisation dès janvier afin d’accompagner les ménages, les entreprises et les administrations dans l’adoption des nouveaux codes. Les opérateurs privés seront invités à équiper leurs terminaux et à former leur personnel à cette nomenclature inédite.
Vers une régulation partenariale gagnante
Renouvelant son approche, le régulateur se veut désormais facilitateur. « Réguler n’est pas seulement contrôler, c’est aider à la croissance », a résumé Louis Marc Sakala, qui insiste sur la concertation régulière avec les firmes du secteur et les associations de consommateurs.
Cette posture collaborative devrait accélérer la mise en place de standards communs de sécurité, de facturation électronique et de traçabilité numérique, trois volets prioritaires pour attirer les investisseurs étrangers vers un marché encore perçu comme fragmenté.
Intégration régionale, un marché à conquérir
Le Congo entend profiter des synergies régionales. L’Arpce pilote déjà des échanges d’expérience avec les autorités camerounaises et les autres pays d’Afrique centrale afin d’établir des corridors postaux interconnectés et compétitifs, capables de livrer Kinshasa comme Libreville en délais réduits.
À terme, ces corridors devraient faciliter le commerce électronique transfrontalier, un secteur où les jeunes startups congolaises, spécialisées dans le paiement mobile et la livraison urbaine, lorgnent déjà les marchés voisins, dopées par la pénétration croissante de l’Internet mobile.
Le régulateur mise également sur l’interconnexion avec le système postal panafricain électronique, Ecom@Africa, porté par l’Union postale universelle, qui doit permettre aux artisans de Pointe-Noire d’expédier leurs produits vers Lagos ou Abidjan en quelques clics.
Emplois et inclusion, la dimension sociale
Selon l’Arpce, chaque nouveau point de service postal direct crée en moyenne trois emplois, auxquels s’ajoutent les postes indirects dans le transport, l’emballage et le service après-vente. De quoi consolider le tissu économique dans les chefs-lieux de département et les petites villes.
La stratégie d’adressage, renforcée par les codes postaux, facilitera par ailleurs l’accès des ménages aux services financiers de proximité, notamment l’épargne et la micro-assurance, contribuant à l’inclusion et à la formalisation de l’économie informelle.
Perspectives à l’horizon de la ZLECAf
L’entrée en vigueur effective de la Zone de libre-échange continentale africaine promet un afflux supplémentaire de courriers commerciaux et de colis, les entreprises profitant de tarifs douaniers réduits pour élargir leur clientèle. Le Congo veut se positionner comme hub logistique entre Golfe de Guinée et intérieur.
Pour atteindre cet objectif, la modernisation du tri, la formation aux métiers du dernier kilomètre et la poursuite de partenariats publics-privés figureront en tête de l’agenda 2026 de l’Arpce, qui espère transformer l’embellie actuelle en atout compétitif durable pour l’économie nationale.
Digitalisation et confiance des usagers
La croissance repose aussi sur la généralisation du suivi en ligne. Désormais, chaque colis dispose d’un QR code scannable depuis un smartphone, offrant aux clients un aperçu instantané de son parcours et réduisant les réclamations liées aux délais approximatifs.
Parallèlement, plusieurs opérateurs testent des applications de paiement sans contact pour alléger le processus d’affranchissement dans les agences et limiter la manipulation d’espèces. Un dispositif salué par les organisations de consommateurs, qui insistent sur la lisibilité des tarifs affichés.
