Une trajectoire financière qui dépasse les prévisions
Au terme de l’exercice clos le 31 décembre 2024, la Banque Internationale pour l’Industrie et le Commerce du Bénin affiche un bénéfice net de 30,3 milliards de FCFA, en hausse de 11 % sur douze mois. Derrière la froideur des chiffres se profile l’affirmation lente mais résolue d’un établissement autrefois public, aujourd’hui érigé en acteur de référence d’un système bancaire régional en quête de profondeur. Dans une sous-région parfois secouée par des turbulences politiques, cette régularité de la performance offre un signal de stabilité qui retient l’attention des partenaires internationaux autant que des investisseurs institutionnels.
La mécanique interne d’un produit net bancaire en expansion
Le produit net bancaire culmine à 45,2 milliards de FCFA, progressant de 15,6 % sous l’effet conjugué d’un marché du crédit plus dynamique et d’une politique de tarification des commissions mieux alignée sur les standards de l’Union économique et monétaire ouest-africaine. Les intérêts et produits assimilés gagnent 20,8 %, tandis que les commissions perçues frôlent le doublement, signe que la banque anticipe, voire influence, une mutation des comportements clientèle en matière de services financiers. Pareille évolution traduit une maîtrise des fondamentaux, à savoir la profondeur du dépôt clientèle, la diversification des portefeuilles et l’optimisation de la liquidité dans un environnement où le coût de la ressource reste relativement modéré.
Investissements, gouvernance et maîtrise des risques
L’accélération de l’activité génère mécaniquement une tension sur les charges d’exploitation, en hausse de 23,5 %, et sur les dotations aux amortissements qui bondissent de 51,9 %. Ce renchérissement reflète des investissements lourds dans la digitalisation, la cybersécurité ainsi que le renforcement des exigences prudentielles édictées par la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest. Le coût du risque, passé de –586 millions à –2,41 milliards de FCFA, illustre la prudence de la direction qui préfère provisionner tôt plutôt que de s’exposer à de futurs retournements conjoncturels. Au regard des ratios réglementaires, le niveau actuel des fonds propres laisse à la BIIC une marge de manœuvre confortable, confirmant la pertinence d’une gouvernance présentée par les agences de notation comme « exemplaire pour la place de Cotonou ».
Une introduction boursière aux répercussions régionales
Le 28 avril 2025, l’entrée de la BIIC à la Bourse régionale des valeurs mobilières aura constitué le deuxième plus grand succès de ce marché après l’opération Orange CI, avec 100,45 milliards de FCFA levés et une capitalisation initiale de 323,45 milliards. L’événement n’a pas seulement confirmé l’appétit des investisseurs pour les valeurs bancaires ; il a aussi redonné confiance à d’autres entreprises publiques en cours de privatisation, qu’il s’agisse d’opérateurs portuaires à Pointe-Noire ou de compagnies d’électricité dans le bassin du Congo. En diplomatie économique, la démonstration d’un tel engouement offre un argument de poids lorsque les gouvernements négocient des lignes de crédit concessionnelles ou des partenariats public-privé avec des bailleurs multilatéraux.
Implications diplomatiques et signaux pour les décideurs
La solide performance de la BIIC conforte un narratif régional dans lequel l’Afrique centrale et occidentale se montrent capables de produire des champions financiers dotés de standards comparables à ceux de l’OCDE. Les chancelleries suivent ce dossier avec intérêt, car la prévisibilité des profits financiers favorise la captation d’investissements directs étrangers, y compris dans des États tels que le Congo-Brazzaville où la modernisation des infrastructures bancaires demeure une priorité du Plan national de développement. Dans les réunions de printemps à Washington, la hausse du bénéfice net de la BIIC a été citée en exemple d’une « monétisation réussie de la transformation structurelle ». Pour les diplomates comme pour les dirigeants politiques, cet exemple béninois réaffirme qu’une gouvernance rigoureuse et un alignement sur les meilleures pratiques internationales constituent un levier essentiel de souveraineté financière.