Un calendrier resserré reflet d’une administration rodée
En ponctuant l’année scolaire par la trilogie CEPE, baccalauréat puis BEPC, Brazzaville exhibe une cadence que beaucoup d’observateurs africains qualifient de métronomique. Au sortir des épreuves primaires de juin et du baccalauréat de mi-juin, l’administration projette désormais son énergie vers le Brevet d’études du premier cycle prévu du 15 au 18 juillet. Aux yeux des chancelleries présentes sur place, la régularité de ce calendrier constitue un indice tangible de gouvernance prévisible, un paramètre souvent déterminant dans l’éligibilité aux programmes d’appui multilatéraux.
Enjeu pédagogique et cohésion nationale
Le BEPC n’est pas qu’un passage académique ; il répond à une fonction de cohésion sociale par la mise à égalité de plus de cent vingt-cinq mille adolescents issus de réalités linguistiques et économiques contrastées. Pour les autorités, offrir ce rituel républicain dans 540 centres, de Pointe-Noire aux confins de la Sangha, revient à graver l’idée d’une citoyenneté partagée. « Chaque table d’examen est un banc d’unité nationale », observe un haut fonctionnaire de la Direction des examens et concours.
La logistique des centres : un test grandeur nature
Les services du ministère de l’Enseignement préscolaire, primaire, secondaire et de l’Alphabétisation mobilisent des convois sécurisés pour la distribution des sujets, la désignation des jurys et l’acheminement de plus de deux cent mille copies vierges. À la veille du scrutin scolaire, les derniers protocoles concernent la reconnaissance des malles, l’assignation des surveillants et l’activation des secrétariats. Le dispositif s’accompagne d’un strict régime disciplinaire, pièce d’identité obligatoire et interdiction absolue d’accessoires électroniques sophistiqués. Cette orthodoxie, saluée par l’UNESCO lors de la précédente session (UNESCO, 2024), répond à un impératif de crédibilité qui dépasse le simple cadre scolaire, car le capital-confiance d’un État s’évalue aussi dans sa capacité à organiser un concours dont les résultats ne souffrent d’aucune contestation.
L’inclusion des candidats libres, baromètre social
La Direction générale de l’Alphabétisation et de l’Éducation non formelle encadre les démarches des candidats libres, souvent adultes en reconversion ou élèves issus des communautés rurales. En centralisant badges, listes nominales et affectations, elle garantit la traçabilité de parcours atypiques sans fracture administrative. À l’heure où la Banque mondiale encourage la résilience par l’apprentissage tout au long de la vie, cette flexibilité congolaise, encore discrète dans les rapports publics, alimente l’argumentaire des diplomates plaidant pour un accès élargi aux financements internationaux.
Diplomatie de l’éducation et partenariats stratégiques
La tenue du concours d’entrée aux écoles d’excellence d’Oyo et de Mbounda le 29 juillet parachève la campagne 2025. Ces établissements pilotes, fruits de coopérations bilatérales avec des acteurs asiatiques et européens, symbolisent le positionnement du Congo sur la carte des nations misant sur le capital humain pour consolider leur attractivité. Plusieurs ambassadeurs de pays membres de l’Organisation internationale de la Francophonie ont d’ores et déjà confirmé leur présence officieuse dans certains centres, révélant la portée protocolaire d’une simple épreuve de mathématiques ou d’histoire-géographie. Comme le rappelait récemment une note interne du ministère des Affaires étrangères, « l’éducation demeure l’argument le plus audible dans une diplomatie de proximité ». En orchestrant une session sans heurts, Brazzaville entend prouver qu’elle sait conjuguer stabilité politique et projection stratégique, feuille de route appréciée des bailleurs et des partenaires.
Vers un bilan attendu, entre transparence et prospective
À compter du 5 août, les corrections s’enchaîneront sous l’œil vigilant de la Commission nationale des examens, tandis que les premiers taux de réussite devraient être officialisés avant la mi-septembre. Les projections internes prévoient des performances stables autour de 70 %, soit un palier que le ministère juge « consolidant » pour la suite du cursus secondaire. Si les chiffres valideront ou non cette estimation, l’essentiel se joue déjà dans la perception internationale : un pays capable de tenir ses examens dans les délais, avec un sens aigu de l’équité, renvoie l’image d’un partenaire fiable et résolu à renforcer ses institutions. Tel est, sans doute, le véritable devoir sur table qu’entend réussir la République du Congo en cette année 2025.