Un rendez-vous stratégique pour l’après-bac
Dans l’amphithéâtre Taty Loubard de l’Université Marien-Ngouabi, fraîchement rénové, la ministre de l’Enseignement supérieur Delphine Edith Emmanuel a donné le coup d’envoi du Salon de l’information et de l’orientation des bacheliers, édition 2025. Devant une assistance attentive composée d’enseignants-chercheurs, de parents et surtout de quelque 1 500 nouveaux diplômés, la ministre a rappelé que l’obtention du baccalauréat n’est pas une fin en soi mais « le seuil d’un chemin pavé d’exigences, où la réussite s’attire par l’effort et la confiance en ses propres capacités ». Ses propos font écho au taux de réussite en hausse – plus de 12 000 admis cette année – qui conforte les autorités dans leur ambition de hausser le niveau de compétitivité du système éducatif national.
Conçu comme une plateforme d’interaction directe, le Salon ambitionne de réduire l’incertitude qui entoure souvent la période post-bac. Les stands thématiques, les conférences et les séances de coaching personnalisé offrent aux jeunes la possibilité de comparer filières, débouchés et modalités de financement avant de formaliser leur préinscription sur la plateforme numérique du ministère. Cette mise en réseau rapide entre bacheliers et établissements entend limiter les réorientations tardives, source de décrochage et de surcoût pour les familles.
Une palette d’acteurs unis autour de la réussite étudiante
La particularité de l’édition 2025 réside dans la diversité inédite des exposants. Outre les facultés et instituts publics, près de quarante établissements privés, labellisés par la Commission nationale d’agrément, ont répondu présent. Leur présence traduit un écosystème en mutation, où l’offre académique s’élargit aux doubles diplômes, aux certifications internationales et à l’apprentissage par projet. Les services de l’Agence nationale de l’emploi, les incubateurs publics et les banques partenaires disposent, eux aussi, de stands pour informer sur les bourses, les stages rémunérés et les crédits d’amorçage dédiés aux étudiants-entrepreneurs.
Pour Nicaise Léandre Ghimbi, directeur général par intérim de l’Enseignement supérieur, « l’orientation post-bac constitue une phase décisive de transition sociale et professionnelle ». Il insiste sur la nécessité de présenter aux jeunes une cartographie claire des compétences recherchées localement, notamment dans l’agro-industrie, le numérique et les énergies renouvelables, secteurs identifiés comme porteurs par le Plan national de développement 2022-2026.
Entrepreneuriat précoce et inclusion territoriale
Le Salon accorde cette année une place centrale à l’entrepreneuriat étudiant, thème sur lequel s’est exprimé Sylvain Yangangbwa Syoge, promoteur de l’Institut de Management de Brazzaville. Illustrant son propos par l’exemple d’une start-up lancée par deux étudiantes en sciences agronomiques, il rappelle que « les talents sont déjà en vous ; il suffit d’apprendre à les structurer ». Des ateliers de prototypage rapide et des sessions de mentorat mettent ainsi en relation néo-bacheliers et chefs d’entreprise afin de semer très tôt l’esprit d’initiative.
Parallèlement, la dimension d’équité territoriale n’est pas reléguée au second plan. Des navettes gratuites ont été déployées pour les visiteurs venus de la Cuvette et du Niari, tandis qu’un dispositif numérique, accessible sur smartphone, retransmet en direct les conférences clés. Le ministère entend, par ces mesures, réduire la fracture entre les lycéens des grands centres urbains et ceux des zones éloignées, conformément aux engagements pris devant le Parlement lors de la dernière session budgétaire.
Cap sur une jeunesse compétente et utile au pays
Au-delà de l’événementiel, le Salon s’inscrit dans une politique publique plus large visant à améliorer la qualité de l’enseignement supérieur et à réduire les taux d’échec universitaire. Les réformes en cours – harmonisation du système LMD, renforcement de l’assurance-qualité, numérisation des inscriptions – convergent vers un objectif précis : doter le Congo d’une jeunesse compétente, apte à soutenir la diversification économique prônée par le gouvernement.
Les ministres Jean-Luc Mouthoud et Thierry Maguessa Ebomé, respectivement en charge des cycles primaire et technique, ont salué « un moment charnière qui illustre la cohérence du continuum éducatif national ». S’ils se félicitent des progrès accomplis, ils appellent néanmoins les familles à accompagner durablement leurs enfants, conscience faite que la réussite est le fruit d’un partenariat entre l’État, l’école et la société civile. Tandis que les allées du Salon bruisseront encore toute la semaine des questions et des espoirs des bacheliers 2025, les observateurs notent un enthousiasme manifeste : celui d’une génération désireuse de construire son avenir sans cul-de-sac, afin de contribuer, à terme, au rayonnement du Congo-Brazzaville.