Une candidature contestée
Le 22 juin 2025, la désignation officielle d’Alassane Ouattara comme candidat à un quatrième mandat présidentiel par le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) a surpris et incité à réfléchir sur l’équilibre du pouvoir en Côte d’Ivoire. À 83 ans, Ouattara se présente à nouveau comme le garant d’une stabilité politique chèrement acquise au terme de plusieurs décennies de tensions ethniques et politiques. Toutefois, cette candidature interroge sur la viabilité de l’alternance démocratique dans ce pays ouest-africain. D’aucuns saluent ses réalisations économiques et sa capacité à maintenir une relative paix sociale, tandis que d’autres pointent une emprise sur le pouvoir de plus en plus hermétique.
Stabilité économique et politique, un double-edged sword
Depuis sa première élection en 2010, Ouattara a mis l’accent sur le développement économique du pays, réussissant à attirer des investissements étrangers grâce à une politique favorable aux affaires et à la construction d’infrastructures modernes. Sous son mandat, la Côte d’Ivoire a vu son PIB augmenter considérablement, renforçant son rôle comme moteur économique de la région. Cependant, cette croissance a parfois été réalisée au détriment des droits politiques et des libertés, avec des protestations étouffées et des opposants politiques souvent marginalisés (source : African Development Bank).
Le tableau économique flatteur masque des tensions sous-jacentes, exacerbées par des élections contestées. En usant de sa réputation de stabilisateur, Ouattara cherche à justifier une continuité qui pourrait mettre à mal les fondements démocratiques du pays.
L’équilibre précaire entre démocratie et autoritarisme
La Côte d’Ivoire se trouve à un carrefour critique de son histoire politique. Le choix de Ouattara de briguer un nouveau mandat à 83 ans, malgré des promesses antérieures de passer le relais, a révélé la fragilité des institutions démocratiques. Les limites constitutionnelles du mandat présidentiel, modifiées sous sa présidence en 2016, ont créé un précédent inquiétant pour d’autres leaders africains qui pourraient être tentés de s’accrocher indéfiniment au pouvoir (source : International Crisis Group).
Dans un contexte mondial où la démocratie recule, la situation en Côte d’Ivoire est symptomatique de ces régimes où la stabilité est souvent invoquée pour justifier un contrôle rigide sur les mécanismes du pouvoir. Cela pose une question essentielle : comment garantir une transition pacifique et démocratique face à des leaders charismatiques mais individualistes ?
Dialogue national et perspectives d’avenir
Alors que le débat s’intensifie autour de la légitimité d’une quatrième candidature de Ouattara, des voix s’élèvent pour un dialogue national inclusif qui pourrait ouvrir la voie à une transition démocratique pacifique. La communauté internationale, bien qu’applaudissant souvent la stabilité ivoirienne, exprime des réserves quant aux risques d’une présidence prolongée au détriment du renouvellement du leadership politique (source : United Nations).
Pour la Côte d’Ivoire, l’enjeu est de taille : transformer ses gains économiques en progrès politiques significatifs et consolidés. La route vers une démocratie mature et authentique passe par une inclusion élargie et une alternance réelle qui puissent favoriser la paix à long terme.