Une conférence santé au cœur de Maya-Maya
Le 14 octobre dernier, la salle de conférence de l’aéroport international Maya-Maya a fait le plein. Aérco, gestionnaire de la plateforme, y accueillait une séance d’information santé destinée à ses agents, avec l’appui logistique de la Clinique Internationale de Brazzaville.
Sous le thème « Douleurs lombaires et kinésithérapie », deux spécialistes sont intervenus : le docteur Hassan Yasser, chirurgien orthopédiste, et le docteur Ali Issa, kinésithérapeute. Leur objectif : rappeler les bonnes pratiques pour protéger la colonne vertébrale dans un environnement de travail exigeant.
Cadres administratifs, agents de piste, manutentionnaires ou personnels commerciaux : tous ont répondu présent, conscients que les dorsalgies comptent parmi les motifs de consultation les plus fréquents dans le pays, d’après les données compilées par plusieurs centres hospitaliers de Brazzaville.
Comprendre les douleurs lombaires fréquentes
Selon le Dr Yasser, la lombalgie est « une douleur localisée entre la douzième côte et le pli fessier ». Elle touche au moins une personne sur quatre au cours de sa vie active, une proportion qui grimpe chez ceux qui portent des charges ou restent longtemps assis.
Les causes évoquées englobent le surpoids, le stress, le manque d’exercice et, surtout, les postures inadaptées. À l’aéroport, les rotations de chariots et les longues veilles devant les bornes d’enregistrement sollicitent particulièrement les vertèbres lombaires et peuvent déclencher des inflammations.
Les symptômes dominants restent la douleur sourde ou vive, parfois accompagnée de fourmillements dans les jambes. « Souvent, les travailleurs banalisent les premiers signaux et consultent tardivement, alors que la prise en charge précoce limite les arrêts maladie », a souligné le Dr Issa.
Prévenir avant de guérir : gestes essentiels
Première recommandation : adopter un échauffement quotidien de cinq minutes avant toute activité physique intense, y compris le chargement de bagages. Des rotations douces du bassin, des étirements des ischio-jambiers et un gainage léger suffisent à protéger les disques intervertébraux.
Deuxième geste : lever des charges à hauteur de cuisses, dos droit, en activant les muscles des jambes et non le bas du dos. Le port de ceintures lombaires pendant les pics d’activité reste conseillé, mais ne dispense pas d’une bonne hygiène posturale.
Pour le personnel sédentaire, la règle des trente minutes a été rappelée : se lever, marcher ou s’étirer régulièrement afin de relancer la circulation sanguine. Un appui-pied sous le bureau et un écran aligné à la hauteur des yeux réduisent également la tension dorsale.
Enfin, l’hydratation adéquate et un sommeil réparateur complètent la prévention. « Un disque intervertébral bien hydraté absorbe mieux les chocs », a rappelé le Dr Yasser, invitant chacun à boire au moins un litre et demi d’eau, surtout lors des rotations de nuit.
La kinésithérapie, alliée stratégique des agents
Discipline paramédicale, la kinésithérapie combine massages, étirements, électro-stimulation et renforcement musculaire. Au sein de la Clinique Internationale, une séance type dure quarante-cinq minutes et inclut une évaluation fonctionnelle individuelle avant tout protocole personnalisé.
« Nous travaillons sur la mobilité, puis sur la stabilité », a détaillé le Dr Issa. Après trois à cinq séances, la douleur aiguë cède souvent la place à un simple inconfort. Les programmes d’entretien mensuel évitent les rechutes, particulièrement chez les manutentionnaires réguliers.
La prise en charge est d’autant plus efficace qu’elle s’appuie sur un partenariat avec plusieurs assureurs. Aérco rappelle que ses agents peuvent bénéficier d’un remboursement partiel ou total, favorisant ainsi la continuité des soins sans impacter le pouvoir d’achat.
Bientôt un bloc orthopédique de référence
La Clinique Internationale finalise actuellement l’équipement de son bloc opératoire, annoncé pour les prochains mois. Cette unité permettra de pratiquer sur place arthroscopies, prothèses de hanche ou fixations rachidiennes, limitant les évacuations sanitaires vers l’étranger et les coûts associés.
« Notre ambition est de devenir un pôle orthopédique pour toute l’Afrique centrale », résume le Dr Yasser. L’établissement propose déjà pédiatrie, dermatologie, imagerie et nutrition, consolidant ainsi son rôle de partenaire santé de longue durée pour les entreprises.
Du côté d’Aérco, la direction des ressources humaines envisage d’étendre ce type de séances à Pointe-Noire et d’intégrer un module e-learning pour son personnel en province. L’idée est de diffuser rapidement des tutoriels de posture accessibles sur smartphone.
Pour les spécialistes, la sensibilisation régulière constitue la meilleure garantie contre les lombalgies chroniques. À terme, une réduction des arrêts de travail et une amélioration de la productivité sont attendues, faisant du bien-être dorsal un véritable levier de performance économique.
Un enjeu de santé publique nationale
Selon un rapport de la Caisse nationale de sécurité sociale, près de 18 % des indemnisations pour accident du travail au Congo sont liées à des troubles musculo-squelettiques. Le coût indirect, entre absentéisme et rotation du personnel, dépasse 800 millions de francs CFA par an.
Le ministère de la Santé appuie donc les initiatives privées telles que celle d’Aérco, estimant qu’elles complètent les programmes nationaux de prévention. Une campagne de communication grand public sur le mal de dos est d’ailleurs prévue avant la fin de l’année.