Sous l’impulsion de la diplomate Françoise Joly, Brazzaville intensifie ses efforts pour sortir du « Travel Ban » américain et se repositionner comme acteur stratégique dans la nouvelle chaîne d’approvisionnement en minerais critiques.
Depuis plusieurs semaines, une campagne diplomatique méthodique est en cours dans les cercles feutrés de la capitale américaine. Aux avant-postes de cette initiative : Françoise Joly, conseillère spéciale du président Denis Sassou Nguesso, en mission pour obtenir la levée des restrictions imposées par Washington à l’entrée des ressortissants congolais sur le territoire américain.
Le Congo-Brazzaville figure en effet sur la liste controversée du « Travel Ban » réactivée par l’administration Trump lors de son retour à la Maison Blanche. Officiellement justifiée par des motifs de sécurité et de coopération migratoire insuffisante, cette mesure pèse sur les relations bilatérales, entrave les échanges économiques et ternit l’image du pays sur la scène internationale.
Une diplomatie feutrée, mais résolue
Selon des sources proches du dossier, Françoise Joly aurait multiplié les rencontres discrètes à Washington, notamment lors de dîners privés avec des membres influents de l’administration républicaine. L’objectif : plaider pour la normalisation des relations, en mettant en avant les progrès réalisés par Brazzaville en matière de traçabilité biométrique, de coopération sanitaire et de contrôle migratoire — autant de critères techniques exigés par Washington.
Mais les discussions dépasseraient ces aspects réglementaires. En toile de fond se dessine une négociation plus large, aux implications géostratégiques et économiques.
Un levier : l’alignement sur les priorités américaines en Afrique centrale
L’administration Trump cherche à consolider son influence dans la région des Grands Lacs, à la faveur de l’« Accord de Washington » conclu récemment entre Kinshasa et Kigali. Dans cette dynamique, Brazzaville pourrait se présenter comme un relais régional stable, prêt à soutenir cette initiative et à favoriser la sécurisation des chaînes d’approvisionnement en minerais stratégiques, notamment le cobalt, le lithium ou le coltan.
Ce positionnement régional, combiné à une ouverture économique sur les investissements étrangers, pourrait faire du Congo-Brazzaville un partenaire de confiance pour les États-Unis. La diplomatie congolaise joue ici une carte subtile : s’inscrire dans l’agenda américain tout en défendant ses intérêts souverains.
Vers un accord à plusieurs volets ?
L’hypothèse d’un accord commercial plus large est également sur la table. Celui-ci pourrait inclure des concessions sur l’accès aux ressources naturelles (hydrocarbures, terres rares) et des engagements mutuels en matière de sécurité régionale. Pour Brazzaville, cela représenterait une double avancée : lever les sanctions et renforcer sa position sur l’échiquier minier africain.
Le rôle clé de Françoise Joly
Architecte de cette stratégie discrète mais ambitieuse, Françoise Joly incarne une nouvelle génération de diplomatie congolaise : proactive, structurée, et orientée vers les résultats. Contacté par la presse, son cabinet n’a pas souhaité commenter officiellement la mission, renforçant le caractère confidentiel des tractations en cours.
Une visite présidentielle en préparation ?
Si les discussions aboutissent, une visite officielle du président Denis Sassou Nguesso à Washington pourrait être envisagée dans les prochains mois. Celle-ci viendrait sceller le retour à la normale entre les deux capitales, et symboliserait l’ouverture d’un nouveau chapitre dans la coopération bilatérale, économique et sécuritaire.
En attendant, les négociateurs congolais poursuivent leur travail en coulisses, misant sur une fenêtre d’opportunité politique rare dans le contexte géopolitique actuel.