Une tournée présidentielle au cœur des chantiers de Pointe-Noire
Dans la moiteur littorale de Pointe-Noire, la silhouette du cortège présidentiel s’est frayée un passage parmi rouleaux compresseurs et engins niveleurs. Denis Sassou Nguesso, fidèle à une méthode qui privilégie le contrôle in situ, a parcouru, le 10 juin 2024, les artères en profonde mutation de la capitale économique. Armé de plans d’exécution et d’indicateurs de rendement, le chef de l’État a longuement échangé avec ingénieurs, préfet et autorités municipales, rappelant la nécessité de conjuguer célérité, viabilité technique et intégration urbaine. Aux abords du cinquième arrondissement Mongo-Mpoukou, la RN4 – véritable épine dorsale reliant Pointe-Noire à Loango – concentre la majeure partie des travaux de renforcement. L’objectif affiché est clair : sécuriser le trafic des hydrocarbures, faciliter la desserte périurbaine et répondre à la croissance démographique de la zone côtière.
La route nationale 4, colonne vertébrale logistique et diplomatique
Longue de 45 kilomètres entre le port de Pointe-Noire et Loango, la RN4 ne constitue pas seulement un axe de bitume. Elle représente une infrastructure diplomatique interne, tant ses performances conditionnent l’attractivité d’investisseurs étrangers et la fluidité des échanges sous-régionaux. Dans un environnement pétro-dépendant, l’optimisation de ce corridor réduit les coûts logistiques, sécurise l’approvisionnement des plateformes offshore et positionne le Congo-Brazzaville comme partenaire fiable de la façade atlantique. D’un coût prévisionnel de 62 milliards de francs CFA, cofinancé par le budget de l’État et un consortium bancaire panafricain, le chantier emploie 1 200 ouvriers, dont 80 % de nationaux, consolidant ainsi la dimension socio-économique de l’opération.
Concertation technique et diplomatie domestique
Le déplacement présidentiel a également revêtu les atours d’une diplomatie interne. Accompagné du Premier ministre Anatole Collinet Makosso – qui a souligné « la mission d’assurance du chef de l’État auprès des populations » –, Denis Sassou Nguesso a parcouru les quartiers Nanga et Tié-Tié, explicitant aux riverains la stratégie gouvernementale en matière de transport urbain. Les ingénieurs du groupement Sinohydro / Socotrap ont détaillé l’emploi d’enrobés drainants de nouvelle génération, adaptés à l’hygrométrie côtière, tandis que les services sanitaires insistaient sur l’impact positif d’une meilleure évacuation des eaux pluviales pour la prévention du paludisme. Cette pédagogie de terrain renforce la cohésion civique autour de projets structurants et prémunit contre les rumeurs sur d’éventuelles lenteurs ou surcoûts.
Pointe-Noire, carrefour énergétique face au défi urbain
Hôte du principal port en eau profonde du Golfe de Guinée, Pointe-Noire voit transiter plus de 300 000 conteneurs par an. La saturation de sa voirie héritée de l’époque coloniale menace toutefois la compétitivité de cette plateforme, clef de voûte de la stratégie nationale de diversification économique. L’expansion des zones industrielles de Songolo et Malélé, conjuguée à l’essor démographique estimé à 4,2 % l’an, exige une montée en gamme rapide des infrastructures routières. Dans cette perspective, la réhabilitation de la RN4 s’inscrit dans le Plan national de développement 2022-2026 qui consacre 27 % de ses crédits à l’aménagement du territoire, selon le ministère de l’Économie, du Plan et de la Coopération internationale.
Gestion des délais et gouvernance des attentes citoyennes
Les travaux, initialement programmés pour débuter au troisième trimestre 2022, ont effectivement accusé neuf mois de décalage, dus à la double contrainte des intempéries et de la fluctuation des coûts de l’acier sur le marché mondial. Afin de maîtriser l’échéancier révisé, la société de maîtrise d’ouvrage déléguée a retenu la méthode du fast-tracking sur certains segments, permettant l’achèvement simultané des études d’exécution et des terrassements. « Tout retard entraîne une érosion de la confiance populaire. Le président a voulu constater de visu que chaque jour de chantier rapproche la population d’une solution pérenne », a confié, sous anonymat, un haut fonctionnaire du ministère des Travaux publics. La communication de crise se veut donc transparente, alignée sur les standards de redevabilité exigés par les partenaires techniques et financiers.
Vers une mobilité durable et intégrée pour la capitale économique
À l’issue de la visite, Denis Sassou Nguesso a pris soin de rappeler que la voirie n’est que l’un des maillons d’un écosystème urbain où se côtoient transports collectifs, gestion des déchets et urbanisme résilient. Les études prospectives menées avec la Banque africaine de développement envisagent déjà l’implantation de couloirs de bus à haut niveau de service sur la RN4, doublés de pistes cyclables qui prolongeraient, vers le littoral, la Coulée verte inaugurée en 2023. Cette approche intégrée répond aux standards de l’Agenda 2063 de l’Union africaine, tout en ancrant le Congo-Brazzaville dans la trajectoire globale de neutralité carbone. En quittant Pointe-Noire, le président a ainsi réaffirmé que « bâtir des routes, c’est ouvrir des horizons ». Une formule qui, au-delà de la rhétorique, rappelle la fonction diplomatique de l’infrastructure : consolider l’unité nationale, attirer les capitaux et ancrer la République dans un avenir de connectivité et de prospérité partagée.