Une ambition financière partagée
Dans la moiteur de juillet, les salons feutrés d’un grand hôtel de Brazzaville ont réuni un cénacle de praticiens du développement ; tous avaient en ligne de mire un impératif simple : faire en sorte que chaque franc transféré par les Nations Unies atteigne sa cible avec la traçabilité requise. L’atelier, coprésidé par l’Unicef, le Pnud, le Fonds mondial et l’UNFPA, a placé le Harmonized Approach to Cash Transfers (HACT) au cœur des débats, confirmant la volonté conjointe des partenaires de sécuriser les flux financiers qui irriguent les programmes sociaux du Congo-Brazzaville.
Le sens diplomatique du dispositif HACT
Conceptualisé en 2005, le HACT constitue l’outil de gouvernance financière qui permet aux agences onusiennes d’évaluer les risques, d’allouer les fonds et de responsabiliser les acteurs locaux. Au-delà de la technicité comptable, c’est bien la crédibilité du multilatéralisme qui se joue. « La gestion rigoureuse des ressources est indissociable de la confiance accordée par les bailleurs comme par notre gouvernement », a rappelé, en marge des travaux, un haut fonctionnaire du ministère congolais de l’Économie, saluant une approche qui renforce la visibilité des résultats sans alourdir la tutelle administrative.
Deux jours denses de transfert de compétences
Répartis en groupes restreints, les près de cent participants ont décortiqué les arcanes du formulaire FACE, matrice incontournable des décaissements onusiens. Tenue des livres, rapprochements bancaires et ventilation des dépenses par ligne budgétaire ont donné lieu à des exercices pratiques, parfois minutieux, toujours essentiels. « Nous souhaitons que chacun reparte avec des réflexes qui dépassent la simple conformité, pour tendre vers une culture ancrée de la reddition de comptes », a insisté Djariatou Sow Sall, représentante adjointe par intérim de l’Unicef.
Prévention des risques et éthique institutionnelle
Aussi technique soit-il, le HACT comporte un versant humain que les organisateurs ont voulu prééminent. Les sessions consacrées à la prévention de la fraude, à la lutte contre l’exploitation et les abus sexuels ainsi qu’à l’intégration des codes de conduite ont suscité des échanges francs sur la responsabilité individuelle des agents. Un expert du Pnud a rappelé que « la probité est l’ultime garantie de pérennité des projets », soulignant qu’un manquement éthique peut ruiner la confiance construite parfois sur plusieurs décennies de coopération.
Convergence avec les priorités nationales congolaises
Le gouvernement, représenté par des cadres des ministères sectoriels, a salué la démarche, y voyant un levier supplémentaire pour consolider le Plan national de développement 2022-2026. À l’heure où le Congo-Brazzaville s’emploie à diversifier son économie et à renforcer son tissu social, la redevabilité financière devient un argument diplomatique de poids, tant pour attirer de nouveaux partenaires que pour amplifier les financements existants. Les autorités ont réaffirmé leur volonté de travailler main dans la main avec les agences onusiennes afin que la méthodologie HACT irrigue progressivement l’ensemble des circuits budgétaires des projets cofinancés.
Vers une coopération multilatérale encore plus fiable
Alors que le rideau tombait sur deux journées denses, un consensus se dessinait : bien plus qu’une simple boîte à outils, le HACT est un langage commun entre bailleurs, exécutants et bénéficiaires. Sa diffusion à Brazzaville illustre l’engagement du Congo à inscrire la transparence et l’efficacité au cœur de la dépense publique, sans renoncer à sa souveraineté décisionnelle. Les prochains audits permettront de mesurer très concrètement les progrès réalisés, mais l’atelier a déjà galvanisé les acteurs, convaincus que la rigueur financière est aussi un vecteur de dignité et de respect mutuel dans le partenariat multilatéral.