Un soutien financier décisif
C’est une bouffée d’oxygène pour le secteur éducatif congolais. Le Partenariat mondial pour l’éducation vient d’annoncer un soutien de 10 millions de dollars, soit près de cinq milliards de francs CFA, destiné à moderniser l’école du pays.
Le financement, validé le 15 octobre à Brazzaville, marque la confiance des partenaires internationaux dans la feuille de route présentée par le ministre de l’Éducation, Jean Luc Mouthou, axée sur l’équité, la qualité des apprentissages et l’intégration des technologies.
« Ce fonds ouvre la voie à une transformation systémique », a expliqué Jennifer Hofmann, responsable engagement pays du Pme, en marge de la signature. Elle assure que la réussite du programme congolais pourrait devenir « un modèle inspirant pour d’autres États africains partageant les mêmes enjeux ».
Cap sur la réforme des programmes
Au cœur des discussions figure la future loi d’orientation scolaire, actuellement en préparation. Le texte doit offrir un cadre juridique solide à la révision des programmes, première étape indispensable pour harmoniser les contenus du préscolaire au secondaire et soutenir les parcours techniques.
Les équipes du ministère, appuyées par l’Unicef, l’Unesco et la Banque mondiale, planchent déjà sur l’actualisation des référentiels de lecture, de mathématiques et de sciences. Objectif affiché : doter les élèves des compétences fondamentales pour poursuivre des études supérieures ou accéder au marché du travail.
Jean Luc Mouthou insiste sur la dimension inclusive du projet. Les futures séquences d’apprentissage prendront en compte les langues nationales et la diversité des contextes régionaux, afin que chaque enfant, où qu’il vive, bénéficie des mêmes chances de réussite scolaire.
Formation des enseignants en ligne de mire
Une fois les nouveaux programmes validés, la révision des manuels suivra, avant une vaste campagne de formation continue destinée aux enseignants et aux encadreurs pédagogiques. Cette chaîne d’actions doit garantir la cohérence entre attentes officielles et pratiques réelles en classe.
Selon Jennifer Hofmann, l’accompagnement portera autant sur la maîtrise des contenus que sur les méthodes actives d’apprentissage. Les formateurs seront outillés pour favoriser la participation des filles, souvent moins à l’aise en sciences, et réduire les écarts de performances entre zones urbaines et rurales.
« Miser sur les enseignants est la clé de voûte de tout changement durable », rappelle un expert de l’Unesco présent à la rencontre. Des modules hybrides, mêlant stages immersifs et classes virtuelles, sont envisagés afin de toucher rapidement le corps professoral, même dans les districts isolés.
Le projet Offline, solution sans Internet
Après avoir reçu la délégation du Pme, le ministre a accueilli la Cheffe de délégation FMSS Istanbul, Juli Buket Zahim, venue présenter le projet Offline, une plateforme éducative pensée pour fonctionner sur tablettes et smartphones en l’absence totale de connexion Internet.
Le système repose sur un serveur embarqué capable de diffuser, dans un rayon de quelques mètres, des cours interactifs, des vidéos et des exercices autocorrigés. Chaque établissement concerné pourra ainsi constituer une petite bibliothèque numérique locale, consultable à tout moment par les élèves.
« Nous avons pensé Offline spécialement pour les contextes où les infrastructures manquent », a détaillé Juli Buket Zahim. Elle estime que l’outil peut être déployé en moins d’une heure dans une salle de classe et mis à jour régulièrement grâce à une clé sécurisée.
Des panneaux solaires pour alimenter l’apprentissage
L’atout majeur du dispositif réside dans son autonomie énergétique. Des kits solaires, fournis avec chaque serveur, assurent une alimentation continue, même dans les localités dépourvues de réseau électrique stable, phénomène encore fréquent dans plusieurs départements du nord et du centre du pays.
La solution vient compléter les efforts gouvernementaux pour électrifier les écoles rurales et s’inscrit dans la stratégie nationale de transition numérique. Les responsables voient dans cette complémentarité un moyen d’accélérer la réduction de la fracture numérique entre élèves urbains et ruraux.
À terme, chaque kit intègrera des capteurs permettant de mesurer la consommation énergétique et le temps d’utilisation des ressources pédagogiques. Ces données, anonymisées, aideront le ministère à ajuster la maintenance et à prioriser les déploiements futurs selon la fréquentation réelle des écoles.
Prochaines étapes surveillées de près
Les quinze prochains mois seront consacrés à la finalisation des textes réglementaires et au lancement des premiers pilotes. Un comité interministériel, auxquels participent les partenaires techniques, assurera le suivi des indicateurs d’apprentissage et la bonne exécution financière du don du Pme.
Dans les écoles, les parents d’élèves saluent déjà l’initiative. Beaucoup espèrent que la mise à disposition de matériel numérique et la révision des manuels permettront de réduire les frais de scolarité liés aux photocopies et de renforcer la motivation des enfants.
Pour sa part, Jean Luc Mouthou assure que la transparence restera la règle. « Chaque franc mobilisé doit se traduire par de meilleurs résultats scolaires », affirme-t-il. Les premiers rapports d’évaluation sont attendus à mi-parcours, avant une possible extension du financement en 2026.
Les partenaires internationaux citent régulièrement le Congo comme un exemple de collaboration constructive entre gouvernement, bailleurs et société civile, un facteur qui pourrait faciliter l’obtention de nouveaux appuis, notamment pour l’enseignement technique et la formation professionnelle.